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Histoire de Dizy

Textes rédigés par M. Bernard Leblanc

Église romane Saint Timothée datant de la fin XIème / début XIIème siècle

L’église Saint-Timothée est le principal monument de Dizy, bien qu’elle ne soit pas classée monument historique. Entourée de son cimetière, elle domine le village à 81 mètres d’altitude. Des écrits du VIIe siècle plaçaient déjà le village sous le patronage de Timothée de Reims.

L’église est construite dans un style roman à la fin du XIème siècle ou au début du XIIème siècle. Sa nef et son clocher datent de cette époque. Le clocher, tour carrée située sur la façade ouest, compte quatre étages. Son étage supérieur est ouvert sur chaque côté par une baie en arc brisé ouverte de deux plus petites baies, séparées par une colonne. Sa porte est cintrée et surmontée d’un arc en tiers point. Au sommet de la tour s’élève une croix en fer ornée d’un coq. En 1927, alors que le clocher menace de s’effondrer, une petite tour demi-circulaire y est accolée au sud. Elle permet d’atteindre les deux cloches de l’église, « Marianne » (350 kg) et « Virginie » (450 kg), datant de 1820.

L’église était autrefois plus grande, grâce à un chœur construit au XVIe siècle mais détruit au siècle suivant lors des guerres de Religion. Cette destruction fait également disparaître le transept originel de l’église. Seules des arcades de l’abside et leurs chapiteaux à feuillages rappellent le chœur gothique du XVIe siècle.

À l’intérieur, la nef est divisée en quatre travées romanes. Les bas-côtés des XVIe et XVIIe siècles mènent à deux chapelles latérales. Le chœur actuel, plus petit que son prédécesseur, est érigé au XVIIe siècle et surmonté d’un vitrail. La porte principale de l’église est composée de deux vantaux en bois sculptés, datant du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe siècle.

Concernant le mobilier, les fonts baptismaux datent du XVIe siècle et le maître-autel, formant un tombeau en marbre rouge et gris, du XVIIIe siècle. L’église accueille un groupe sculpté en bois peint représentant la Vierge de Pitié. Datant du XVe siècle, il est inscrit aux monuments historiques en tant qu’objet.

 

Le pont de Dizy

Auteur : Bernard Leblanc, texte rédigé à partir d’un article paru dans l’Union le 9 février 2013.

En 1738 le vieux chemin d’Epernay à Dizy et Reims rendu impraticable par les débordements de la Marne, fut remplacé par une chaussée surélevée de deux mètres telle que nous la connaissons aujourd’hui.

L’implantation de cette chaussée rendait nécessaire l’édification d’un ouvrage d’art permettant l’évacuation des eaux lors des crues de la Marne.

Ce pont qui comportait à l’origine sept travées fut terminé en 1771.

A l’origine, les ingénieurs qui ont fait construire ce pont avaient en vue d’y faire passer la Marne, mais le plan ne fut pas suivi.

En effet, plusieurs oppositions se firent jour : les anciens qui redoutaient les gelées pour leurs vignes et les Sparnaciens qui voyaient là un obstacle au commerce.

Ce n’est qu’en 1883 que fut construit le canal latéral à la Marne et le pont servi donc de passage à deux canaux sous l’une des sept arches. La longueur de ce bel ouvrage est de 126 mètres.

Dans les années 1935, des trottoirs construits à l’extérieur de l’ouvrage ont permis l’élargissement du pont rendu nécessaire par l’augmentation du trafic routier sur la nationale 51.

Désormais, une grande partie du trafic allant à Reims emprunte une grosse partie du trafic par la déviation. Ceci rendant le pont de Dizy moins sollicité surtout pour les poids lourds.

Origine du nom des rues

Auteur : Bernard Leblanc, texte rédigé en août 2005.

Préface

Voici réunis, à l’occasion des 82 ans de mon père, les textes écrits et parus dans les bulletins municipaux de Dizy sur l’histoire des noms des rues du village.

Né à Dizy et y ayant toujours vécu, Bernard Leblanc fait partie maintenant des « anciens » du village et garde la mémoire de toutes les transformations qu’il a vues au fil du temps.
Petit village traditionnel, Dizy est devenu un bourg qui ressemble davantage à une banlieue, avec ses lotissements, groupe scolaire et maison des associations et son centre commercial.
Il reflète l’évolution de la vie de la société et de l’habitat, comme, en son temps et comme on pourra le lire dans l’article sur la Briqueterie, cette usine refléta l’évolution des technologies et de l’industrialisation.

La majeure partie des textes a été écrite dans les années qui suivirent la retraite de mon père (1983), mais quelques ajouts ont été composés pour des évènements particuliers tels le dernier sur la réfection du clocher de l’église qui vient juste de se terminer.
Tous les textes sont rédigés par Bernard Leblanc à l’exception de celui sur la Briqueterie, écrit par son frère aîné, Pierre Leblanc, domicilié à Cumières et qui a travaillé dans cette usine quelques temps.

Les dessins sont de sa petite fille, Marie Gosset excepté celui de la mairie, dessiné par son petit-fils Thibaut Gosset.
Les photos sont extraites de différents bulletins municipaux.
La mise en page est le fruit du travail de l’ensemble de la famille Gosset-Leblanc.

Souhaitons qu’il reste toujours dans les communes, quelques personnes sensibles à l’histoire et à l’évolution de la vie pour garder la trace des anciens fonctionnements et transmettre aux nouvelles générations l’origine et le sens de leur quotidien actuel.

Bonne lecture !

La rue Danièle Casanova

C’est par décision numéro 1921 en date du mardi 11 septembre 1944 que cette rue porte ce nom. Elle fut inaugurée en juin ou juillet 1945 alors que j’étais venu en permission ce jour-là, effectuant mon service militaire. Je ne me rappelle plus la date précise.

Précédemment, cette rue s’appelait rue des Crayons, du nom du lieu-dit qui se trouve dans le prolongement de cette rue et qui doit son nom au fait qu’il y a beaucoup de craie dans son sous-sol.

Plus avant encore, elle portait le nom de rue du Grès, avec différentes orthographes : rue du Grais, rue du Gré, rue du Grais prolongée. J’ignore pourquoi, mais vers 1960, je recevais encore des feuilles de contribution libellées à ce nom.

En 1945, cette rue a reçu le nom de Danièle Casanova pour rendre hommage à une résistante, déportée par les Allemands et qui mourut hélas dans un camp de concentration. Afin de répondre à plusieurs personnes m’ayant posé la question de savoir qui était cette femme, voici la réponse.

Son prénom et nom de jeune fille étaient Vincetella Perrini dite Leccia, née à Ajaccio le 9 janvier 1909, fille d’instituteurs (père et mère). Elle avait un frère et une sœur plus âgés qu’elle et deux sœurs plus jeunes.
Elle fit ses études secondaires au collège de Luc, dans le Var, puis fit des études dentaires à Paris. C’est là qu’elle rencontra son futur mari dans les années 30.
Elle épousa Laurent Casanova le 12 décembre 1933.
Militante du Parti Communiste étant jeune fille, elle fut présidente de l’Union des Jeunes Filles de France. Résistante, elle fut arrêtée le 15 février 1942 au Fort de Romainville près de Paris. Elle est déportée et arrive au camp d’Auschwitz-Birkenau le 27 janvier 1943 avec 230 otages après trois jours de voyage. Un moment dentiste dans le camp, elle meurt le 9 mai 1943 du typhus à l’âge de 34 ans.
Son mari, Laurent Casanova, fut Ministre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre du 26 janvier au 6 décembre 1946. Il fut aussi député de Seine et Marne de 1944 à 1958.
Vincentella avait adhéré au Parti Communiste en 1928 et c’est à partir de cette date qu’elle se fit appeler Danièle.

Cette artère, dans la partie allant jusqu’à la rue Neuve, est sans doute l’une des plus anciennes de la commune avec la rue du Colonel Fabien et une partie de la rue du Général Leclerc et constitue ce que l’on pourrait baptiser le « Vieux Dizy ».

Version 1985 :

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, elle s’est bien modifiée et de nombreuses maisons y ont été construites et cela n’est pas fini sans doute, puisqu’il y a des possibilités de construction au-delà de la rue des Auges, dans les terrains situés entre cette rue et le prolongement de la rue Dupont-Suaire, jusqu’aux premières vignes situées dans « les Crayons ». Comme on le voit, le rue Danièle Casanova a un bel avenir devant elle.

La rue du Colonel Fabien

C’est par délibération du Conseil Municipal élu au printemps 1945 que cette rue transversale de Dizy a été dénommée ainsi, pour commémorer la mémoire de ce résistant de la guerre 1939-1945.

Elle a été inaugurée en même temps que la rue Danièle Casanova en juin 1945.
Auparavant, elle s’appelait tout simplement rue d’Aÿ, ce qui est normal puisque cette voie conduit à la ville chef-lieu de canton, Aÿ.
Primitivement, elle s’appelait « Chemin de Grande Communication numéro 1 ».

Sur de vieilles cartes postales la représentant, on voit à peu près dans son milieu, côté sud, qu’une maison avançait fortement et ne laissait qu’un étroit passage pour les véhicules, qui, heureusement, étaient assez peu nombreux à l’époque. Frappée d’alignement, cette maison a été démolie en partie et réalignée. Elle est la propriété actuelle de Monsieur Dany Bacard, aux numéros 116 et 138 actuels. J’ai connu personnellement cette mise à l’alignement qui a eu lieu vers 1932-1935.

J’ai vu construire vers 1935, la maison du n°229. Cette maison avait subi des dégâts assez importants pendant le bombardement de juin 1940.A part ceci, bien peu de constructions nouvelles ont été faites dans cette rue depuis 80 ans où il n’y a pas de terrains disponibles.

La recette postale est aussi une construction datant de la même époque, 1930-1935. Avant, la poste était située dans la maison du numéro 475 Route de Reims.

Plus récent est l’immeuble situé au n° 131 et qui a été construit en 1941 pour madame Modeste Gentils par un maçon du Baizil. Cette maison a remplacé une vieille masure datant de l’époque Henri IV comme en fait foi la date de 1600 marquée sur les poutres de sa charpente constatée lors de sa démolition.

Deux maisons bien plus récentes ont été construites depuis moins de 45 ans, à savoir la maison de monsieur et madame Gérard Leclerc à l’angle de la route de Reims et celle située face à la boulangerie.
A signaler également que la salle des Fêtes a été construite sur l’emplacement d’un jardin dans les années 1930-1935 ainsi que le garage et les pièces situées au n°168 appartenant à Monsieur Luc Farroux

La maison de Monsieur et Madame Gérard Clément au n°156 a été elle aussi construite dans les années 30 par Monsieur et Madame Lucien Bernard, grands-parents de Monsieur Clément.

Au numéro 211, se tenait l’une des trois épiceries du village : « les écos », tenue par Monsieur Leblanc-Nicaise, appelée auparavant « A la renommée du bon café ».
Les deux autres épiceries étaient situées avenue du Général Leclerc : « le Familistère » (au numéro 691, à côté de la place de la Libération, appelée aussi « le Jard ») et « le Goulet » (actuellement le coiffeur « la Boîtatifs » au numéro 580).

Je rappelle que jusqu’en 1933, la mairie actuelle, construite en 1877, servait de Presbytère, et que le dernier prêtre résidant fut l’abbé Gaston Roger. Il quitta Dizy pour aller à Cumières et décéda à la maison de retraite d’Avenay (obsèques et inhumation le 23 janvier 1948 à Avenay).

La rue du Colonel Fabien, l’une des plus anciennes de Dizy, forme avec le bas de la Route de Reims et le bas de l’Avenue du Général Leclerc, un triangle que l’on nommait autrefois « le Tour des Fermes », la ferme Saint Brice et celle de Monsieur Bernard Régnier en faisant partie ainsi que la ferme Leleux sans oublier l’ancien château.

Pour des raisons de sécurité et notamment l’accès des enfants au groupe scolaire, un arrêté du maire applicable depuis le 1er novembre 1985, interdit la circulation aux poids lourds de plus de 3,5 tonnes dans cette rue, sauf pour les livraisons.

Qui était le personnage du Colonel Fabien ?

Bien peu de jeunes le savent sans doute. Voici un peu d’histoire de France pour les renseigner.
De son véritable nom : Pierre Georges, le colonel Fabien est né le 21 janvier 1919 dans une famille communiste.
Responsable à dix ans d’un groupe de « pionniers » à Villeneuve Saint Georges, membre actif des « jeunesses communistes », Pierre Georges a pris part à 17 ans dans les rangs des « Brigades internationales » à la guerre d’Espagne. Spécialiste des coups de main sur les arrières franquistes, il revint en France en 1938 avec le grade de lieutenant, décoré sur-le-champ de bataille de la médaille de l’Indépendance, pour avoir participé à l’arrêt de l’offensive franquiste contre Gandera et victorieusement contre-attaqué.
Lorsque la guerre éclate en 1939, Pierre Georges travaille dans une usine d’aviation à la Courneuve, la CAPRA, où des sabotages de matériel destiné aux armées françaises auront lieu pendant la « drôle de guerre ».
Mais Pierre Georges, arrêté et interné le 2 décembre, ne peut être tenu pour responsable direct de ces actions. Interné à la prison de la santé, il est ensuite dirigé dans le sud de la France.
Profitant de l’exode de juin 1940, il s’évade. Ensuite, on le retrouve à Lyon où il dirige les « Jeunesses communistes » de la zone sud. En juin 1941, « brûlé » à Lyon, il revient à Paris et participe à toutes les actions organisées par ces « jeunesses communistes » d’où sortiront les « Bataillons de la Jeunesse ».
D’après les témoignages de ceux qui l’on connu et suivi jusqu’à la mort, Pierre Georges était sans sectarisme excessif, tout entier passionné par l’action.
Outre le nom de Colonel Fabien, il avait porté d’autres pseudonymes : Fredo, Albert, capitaine Henri Camille Patrie.
Partisan de répondre par la terreur à la terreur des nazis, il décide de le faire en tuant un officier allemand.
Le 21 août 1941 à 8 heures du matin, à la station de métro « Barbès », un grand diable d’officier de la « Kriegsmarine » s’avance, deux coups de feux claquent, l’aspirant Adolphe Moser vient d’être tué par le Colonel Fabien qui réussit à s’échapper.
L’attentat de « Barbès » n’est cependant pas le premier. Il a été précédé le 13 août par un attentat dont Maurice Le Berre et un jeune communiste espagnol Albert Manuel, ancien des Brigades Internationales, sont les auteurs.
D’après un papillon communiste du début de septembre 1941, l’officier allemand Moser aurait été tué pour avoir « manqué de galanterie à l’égard d’une dame de bonne compagnie ».
Après l’attentat de Barbès, Pierre George va continuer son action militante.
Très recherché, il sera envoyé dans le Doubs. Devenu le capitaine Henri, il créera la Compagnie Valmy qui sabotera des pylônes, fera dérailler des trains et attaquera des hôtels occupés par des nazis.
Recherché par la police et l’armée allemande, il est grièvement blessé à la tête dans le Bois de Clerval. Il réussit à s’enfuir en traversant le Doubs à la nage. Il est recueilli et soigné par des cultivateurs.
Il regagne Paris en novembre 1942 pour être arrêté dans une rafle au métro République. Torturé, enchaîné nuit et jour pendant trois mois au secret au Cherche-Midi puis à Fresnes, il réussira à s’évader du Fort de Romainville. Sous le nom de commandant Patrie, il se rend en Haute-Saône où il devient commissaire interrégional.
Son existence mouvementée et ravageuse se poursuivra jusqu’au 27 décembre 1944 où il sera tué accidentellement pendant la campagne d’Alsace qu’il fait à la tête d’une brigade de Paris forte de 3000 hommes.
Le père de Pierre Georges sera fusillé ainsi que son beau-père. Sa femme, Andrée sera déportée.

Les renseignements sont extraits de l’ouvrage intitulé : « le peuple réveillé » (octobre 1979)

 

L’avenue du Général Leclerc

Texte rédigé le 25 avril 1984, modifié en décembre 1987

La plus belle et la plus grande artère de l’agglomération, complètement rectiligne sur plus d’un kilomètre (1100m), a été baptisée ainsi par la délibération n°2423 du conseil municipal en date du 21 mars 1949, pour rappeler le souvenir de ce héros de la guerre 1939-1945.
Un arrêté de monsieur le Préfet de la Marne en date du 28 mai 1949 autorisait le changement de nom.
La cérémonie officielle a eu lieu le 28 août 1949, soit cinq ans après la libération de Dizy par les Américains.

Cette artère, qui emprunte le tracé de l’ancienne route impériale n°51, se nommait depuis le 1er août 1920 avenue Jean Jaurès (1859-1914), homme politique assassiné à la veille de la première guerre mondiale (31 juillet 1914) et qui était un ardent pacifiste.

Antérieurement encore, cette artère s’appelait rue du Commerce à cause de l’activité commerciale qui s’y exerçait alors.
Dans les archives municipales, j’ai trouvé un certain nombre de renseignements sur cette rue du Commerce, la plus belle artère du village avec son tracé très rectiligne, d’une bonne largeur et pourvue de trottoirs très larges également.
Cette rue, partant du pont de la Marne à Magenta, allait jusqu’à « La Folie » en ligne droite. La construction de la déviation de la nationale 51 l’a fait quelque peu bifurquer après la fourche menant à Hautvillers.

Pour commencer, il faut savoir que cette rue était dénommée au départ : « chemin de grande communication numéro 10 ».
Par la suite, elle devint, suivant le régime en place : la « route impériale numéro 51 » ou « route royale 51 ». Actuellement, hors agglomération elle est devenue la route départementale n° 386, ayant été déclassée, étant route nationale auparavant.
C’était encore plus avant une portion de l’itinéraire menant de Sézanne à Reims et dénommée, la « voie des Gaulois ».

Pour la petite histoire, et surtout pour les jeunes générations, rappelons que de nombreuses activités exercées dans cette avenue ont disparu et que, heureusement, d’autres ont vu le jour.
Tout d’abord, au temps des diligences, un relais de poste devait exister dans cette rue et ce, avant d’affronter la dure côte de Champillon-Bellevue. Ensuite, cela est moins ancien, la Briqueterie, qui cesse de fonctionner en 1935. Les anciens se rappelleront sans doute les anciens camions à bandage et à transmission par chaînes qui faisaient le transport de la terre de Bellevue pour approvisionner l’usine de Dizy.

Au numéro 691, se trouvait l’épicerie à succursales multiples « le Familistère ».

Un peu plus bas, le café de Solferino était installé à la place de l’immeuble numéro 595.

En 1940, la ferme de Madame Régnier et l’immeuble de Monsieur Gaston Delaplace furent incendiés et entièrement reconstruits après la guerre.

A signaler qu’il existait 2 buvettes et un café en plus des 2 cafés existant encore actuellement (« les Tilleuls », à l’angle de l’avenue et de la rue du Colonel Fabien, et « Le Trèfle », 7 rue de Reims). Les deux buvettes étaient situées l’une au Familistère et l’autre au Goulet. Le troisième café s’appelait « Au 4-2-1 » et était situé en bas de la descente de l’église.
Un artisan tonnelier exerçait sa profession à l’emplacement de l’immeuble du numéro 764.

D’autres mutations d’immeubles ont eu lieu, mais il serait fastidieux de les énumérer.

 

La rue de Reims

Dénommée plus souvent, route de Reims

En regardant sur l’ancien cadastre de Dizy dressé en 1827, on apprend bien des choses intéressantes sur le village.

Précisément, il faut savoir que la Route de Reims actuelle n’existait pas encore. Elle fut construite en 1845. Il fallut à cette époque sacrifier des vignes et des maisons, notamment l’immeuble qui servait à la fois de maison commune et d’école. Une autre école fut installée dans une partie inoccupée du presbytère, acheté l’année précédente.

La rue qui partait du bas du village et rejoignait la route d’Aÿ au bas de la montée de l’église, s’appelait la rue du « Vieux Château ». Plus au Nord, il n’y avait qu’un sentier desservant les vignes.

Il faut se rappeler que la première route qui reliait Epernay à Reims empruntait le tracé de l’avenue du Général Leclerc et se continuait par le Relais de la Folie et l’ancienne route qui aboutit à Bellevue.
En date du 17 août 1881, cette rue se dénomme désormais la « rue Nationale » ou « Nationale 51, Nouvelle Traverse » puis prend ensuite le nom actuel de « rue de Reims ».

Lorsque la nouvelle route de Reims n°2 fut construite, on l’appelait « Route de contournement de la côte de Dizy » et elle reprit le numéro d’origine : 51.

Version 1986 :

La déviation de Dizy et de Champillon n°3, en cours de réalisation et qui devrait entrer en service en 1987, reprendra à son tour le numéro 51 ; ainsi va la vie. On revient, dit-on souvent, à ses premières amours, cela est vrai pour cette troisième route qui se retrouve parallèle à la première sur quelques centaines de mètres environ à côté de la Folie.

C’est certainement avec plaisir que les habitants de la route de Reims verront l’entrée en service de la déviation qui va drainer le plus grand nombre de voitures et surtout de poids lourds transitant directement d‘Epernay vers Reims pour une meilleure tranquillité et un sommeil plus calme.
L’actuelle route conservera néanmoins son aspect touristique et un certain trafic local.
Si je peux formuler un vœu : c’est qu’une signalisation adéquate puisse être posée indiquant le caractère touristique de la route actuelle, ceci, pour le plus grand bien des visiteurs de notre belle région et aussi des viticulteurs vendeurs de Champagne.

La rue Dupont-Suaire (1863-1946)

Version septembre 1984 :

La rue Dupont-Suaire a été dénommée ainsi pour rendre un hommage bien mérité à cette personne très dévouée qui fut directrice de l’école maternelle de Dizy de 1902 à 1922.
Pour ceux qui l’ont connue (dont je suis), Madame Dupont-Suaire a laissé le souvenir d’une personne très douce et prenant à cœur son métier d’institutrice et aimant particulièrement les enfants. Aussi, c’est très bien que son nom ait été donné à une rue de Dizy.

L’école maternelle a été déménagée dans des locaux neufs et très fonctionnels face au groupe scolaire de cinq classes primaires depuis déjà quelques années.

Avant de s’appeler ainsi, la rue portait le nom de « rue de l’asile ».

A signaler qu’il y a bien longtemps existait un abreuvoir à l’angle de la rue Neuve, dans la propriété actuelle de Monsieur Guy Brunot.

De toutes les rues de Dizy, hormis les lotissements neufs bien entendu, c’est la rue Dupont-Suaire qui, depuis la fin de la guerre 1939-1945, a vu le nombre de maisons neuves augmenter le plus. En effet, du carrefour avec la rue Neuve à sa limite extrême Nord, il y avait moins de dix habitations parmi lesquelles trois baraquements dont deux ont été rasés et reconstruits en dur.
Il faut signaler aussi que le fossé, dit « ruisseau de Champillon », qui longeait la rue sur toute sa longueur côté Ouest, a été busé et a permis d’y établir un parking, rendant ainsi la rue beaucoup plus salubre car l’été, il y avait pas mal de petites odeurs pas très agréables.

Version, 26 novembre 1999 :

La rue Dupont-Suaire a été dénommée ainsi pour rendre hommage bien mérité à cette personne très dévouée qui fut directrice de l’école maternelle de Dizy de 1902 à 1922.
Pour ceux qui l’ont connue (dont je suis), Madame Dupont-Suaire a laissé le souvenir d’une personne très douce et prenant à cœur son métier d’institutrice et aimant particulièrement les enfants. Aussi, c’est très bien que son nom ait été donné à une rue de Dizy.

L’ancienne école maternelle fut construite en 1881 et a ouvert ses portes à la rentrée d’octobre 1881. A l’époque, on dénommait alors la maternelle « asile ».
C’est par la loi du 16 juin 1881 que l’on a changé le nom de « salles d’asile » en « écoles maternelles ».
En date du 14 janvier 1883, un poste de sous-directeur fut créé en raison du nombre élevé d’élèves : 71 pour Dizy.
Cette école, située à l’angle de la rue Dupont-Suaire et de la rue Neuve, a été transformée et abrite quatre appartements communaux.

Avant de porter son nom actuel, cette rue s’appelait « rue de l’Abreuvoir », car il y a bien longtemps, il existait un abreuvoir, en face de l’ancienne école, à l’angle Nord-Ouest de la rue Neuve, là où se trouve le bâtiment de Monsieur Guy Brunot. Ensuite, elle fut dénommée, « rue de l’école maternelle ».

Avant 1965-1970, la rue Dupont Suaire était longée sur toute sa longueur par le fossé dit « de Champillon » qui fut busé par la suite.
Autre précision, dans sa partie comprise entre la rue du Colonel Fabien et la rue Neuve, la rue de l’Abreuvoir n’était pas tracée à cet endroit. Elle existait, mais à une centaine de mètres plus à l’Ouest, c’est à dire arrivait rue Neuve entre la maison de Monsieur Robert Macheret et la maison Vautrain-Paulet. On peut voir son ancien tracé sur un plan des rues de Dizy dressé en 1851 par Monsieur Chabanel, géomètre. Au-delà de l’école, c’était seulement un simple chemin qui fut élargi par la suite.
De toutes les rues de Dizy, c’est la rue Dupont-Suaire qui a vu le nombre de maisons augmenter le plus.

La rue du Vert-Doré

Texte rédigé en septembre 1984

Si l’on posait la question aux Dizyciens et Dizyciennes de ce que signifie « Vert-Doré », sans doute y aurait-il peu de réponses exactes…

Voici donc la réponse : la signification de « Vert Doré » est le nom d’un cépage champenois appelé aussi « plant vert ».
C’est un pinot à raisins noirs et à jus blanc qui fut répandu en Champagne par un dénommé Jeanson qui d’ailleurs a donné son nom à une des rues d’Aÿ.
Ce cépage produit des vins plus fins et plus alcoolisés que les pinots meuniers, c’est pourquoi, à la vendange, ces raisins sont payés plus chers. C’est ce qu’on appelle la prime aux cépages nobles.

On peut penser toutefois que le nom de Vert Doré fut donne à une rue du village pour mettre en valeur les qualités de ce cépage et lui donner ainsi des lettres de noblesses.
Je ne possède pas de renseignements quant à la date où cette rue fut dénommée ainsi.

A signaler que les maisons côté sud ont été construites sur un terrain ayant appartenu à la maison Moët et Chandon et qui autrefois avait porté de la vigne. C’est Monsieur Alfred Simon qui avait racheté cette propriété et qui l’a rétrocédée au lotisseur.

Le pont de Dizy

Texte rédigé en Décembre 1985

Dans plusieurs bulletins municipaux précédents, des cartes postales anciennes représentant le pont du canal ont été publiées, aussi m’est-il apparu bon de faire une note pour expliquer l’utilité de cet ouvrage d’art aussi important.

Tout d’abord, pourquoi avoir construit un pont aussi long, alors que dessous, il ne passe que le canal latéral à la Marne d’une largeur peu importante ?

Il faut faire un retour en arrière de plus de deux siècles pour pouvoir répondre à cette question.

En effet, c’est en 1768 que le vieux chemin d’Epernay à Dizy et Reims, rendu impraticable par les débordements de la Marne, fut remplacé par une chaussée surélevée de deux mètres telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Il faut préciser que cette chaussée était bordée, avant la guerre de 1939, par deux rangées de peupliers assez hauts qui formaient une voûte et permettait aux piétons, très nombreux à l’époque, de ne pas être mouillés par la pluie lorsqu’ils revenaient d’Epernay.

L’implantation de cette chaussée surélevée formant une digue (appelée « levée » le long de la Loire), rendait nécessaire l’édification d’un ouvrage d’art permettant l’évacuation des eaux lors des crues de la Marne. En effet, la plaine d’Aÿ se transforme assez souvent en un immense lac (malgré la construction du lac du Der qui est récente).

Ce pont, qui comportait à l’origine sept travées, fut terminé en 1771, ainsi que l’indiquait une inscription gravée sur le parapet gauche en venant de Dizy, mais qui a disparu en 1940 lors de la destruction du pont par les soldats du génie civil français en vue de retarder l’avancée allemande. Il avait été reconstruit provisoirement en bois. Lors de sa retraite, l’armée allemande le fit sauter à nouveau dans la nuit du 27 au 28 août 1944, ce qui ne retarda guère l’avancée des Américains.

A l’origine, les ingénieurs qui ont fait construire ce pont avaient en vue d’y faire passer la Marne, mais le plan ne fut pas suivi. En effet, plusieurs oppositions se firent jour : les Agéens qui redoutaient les gelées pour les vignes et les Sparnaciens qui voyaient là un obstacle au commerce. Ces renseignements ayant été donnés par Monsieur M. Becquey alors directeur général des Ponts et Chaussées, lors d’une visite du pont il y a 140 ans.

Ce n’est qu’en 1838 que fut construit le canal latéral à la Marne et le pont servit donc de passage à ce canal sous l’une de ses sept arcades.

La longueur hors tout de ce bel ouvrage est de 126 mètres.

En 1841, des réparations furent faites au pont par un tailleur de pierres nommé Léon Georges dit « la Gaieté » et mort à Passy-Grigny vers 1900.

Après la guerre de 1939-1945, le passage du canal sous le pont fut élargi et le pont ne fut pas reconstruit comme à l’origine.

Des trottoirs, construits à l’extérieur de l’ouvrage, ont également permis l’élargissement du pont rendu nécessaire par l’augmentation du trafic routier, sur la nationale 51, et facilitant le passage des piétons beaucoup moins nombreux, il est vrai, aujourd’hui qu’autrefois.

Avant la guerre de 1939-1945, si ma mémoire est bonne, avait eu lieu la construction du groupe « Albert Thomas », le long de la chaussée côté Ouest.

Depuis 1945, une construction de garage et autres industries n’ont fait que d’augmenter, formant une ligne continue jusqu’à Magenta, l’ancien hameau de Dizy, devenu notre commune voisine depuis 1965, année de notre séparation faite à l’amiable, faut-il le rappeler.

L’Eglise de Dizy

Version 1967 (bulletin municipal n° 1), complétée le 7 mai 1987

Vouloir parler des origines précises de l’église de Dizy serait un travail au-dessus des possibilités de l’auteur du présent article. En effet, les documents relatifs à cet édifice sont trop rares. Les archives de l’abbaye d’Hautvillers dont dépendait Dizy, devaient renfermer de précieux renseignements mais les maux des différentes guerres de religion les ont fait disparaître dans le pillage et l’incendie du monastère.

Origine de la paroisse :

Le nom de Dizy que porte la commune et la paroisse remonte à une période assez reculée. On le trouve en latin dans le privilège accordé par Saint Nivard, archevêque de Reims, à l’abbaye d’Hautvillers vers l’an 662.

La paroisse de Dizy a son autel dédié à Saint Timothée, martyrisé en 658 et dont la fête est célébrée le 23 août.
Il paraîtrait, d’après la tradition, qu’un temple romain existait à l’emplacement de l’église actuelle. Il est un fait certain, c’est que l’église actuelle n’est pas un édifice uniformément bâti, mais qu’il est l’œuvre de différentes époques, on pourrait dire l’assemblage de plusieurs constructions successives, séparées ou ajoutées. Par exemple, on trouve à la fois, tantôt des pleins-cintres ayant pour base des colonnes gracieusement ornées de chapiteaux, donc à la fois du style roman et du style gothique.
Il faut noter encore que si les pleins-cintres, avec leurs piliers, conservent leur forme primitive sans presque aucune dégradation, par contre, les ogives et leurs colonnes ont beaucoup souffert et ne se retrouvent plus que dans les murs latéraux du sanctuaire. Les colonnes ainsi conservées sont en partie enterrées, ce qui est visible de l’extérieur côté cimetière.

Quelle est la date à laquelle on peut rapporter ces constructions ?
Il semble que sans grand risque d’erreurs, on peut la fixer à la fin du XIème et au XIIème siècle.
Il faut ajouter que l’église actuelle, ou tout du moins le sanctuaire, sont d’une étendue moindre que par le passé, cela est incontestable. En effet, les arcades ogivales qui, aujourd’hui, se trouvent enclavées dans les murs latéraux, durent autrefois servir de moyen de communication avec d’autres parties de l’église qui n’existent plus. Deux des arcades ogivales dont le tracé est resté, sont tronquées au tiers de leur hauteur, on les a ainsi mutilées lors du rétrécissement de l’église, car le diamètre de leur voussure s’avançait au-delà du mur qui, depuis, termine le sanctuaire.

D’autres transformations ont, sans aucun doute, eu lieu au cours des siècles passé, les nefs latérales paraissant avoir été rajoutées après coup.

L’église ne possède pas de voûte mais seulement un plafond uni qui règne au-dessus de la nef centrale et du sanctuaire, relevé à ses bords par quelques moulures très simples en guise de corniche. La seule partie voûtée est celle de la chapelle de la Sainte Vierge (partie sud de la nef principale) travail qui a été fait en 1851 par les soins de monsieur le curé Habelot, résidant à la cure de Dizy à cette époque.

Une église ne se conçoit pas sans clocher et sans cloche, aussi faut-il en parler également.
Le clocher, bâti sur un plan quadrilatéral, est placé régulièrement, à la partie antérieure de l’église, côté Ouest, et en tient lieu de façade.
Ses murailles, d’une épaisseur formidable, montent en se rétrécissant, à des intervalles inégaux en hauteur, mais uniformément indiqués sur le périmètre de la construction par des cordons en pierres taillées et quelque peu saillantes, ces saillies étant légèrement obliques afin que l’eau ne puisse séjourner sur la pierre ou s’infiltrer dans le mur.
Signalons que d’importants travaux de réparation du clocher dont les murs menaçaient de tomber en ruine ont eu lieu en 1927, à l’initiative de M. l’abbé Roger, alors résidant à Dizy. Une pierre est marquée, rappelant ces travaux : « refectio anno 1927 ».
C’est également cette même année que fut construite la petite tour semi-circulaire, accolée au clocher, et qui permet d’accéder aux cloches.

L’église de Dizy possède deux cloches.

La plus grosse, d’un poids de 450 kg, a un diamètre de 0,90m et une hauteur totale (y compris le support) de 0,90m également.
La plus petite placée côté Nord, pèse 300 kg pour un diamètre de 0,80m et une hauteur totale de 0,80m.
La première fut dénommée « Virginie » et la seconde, « Marianne ». Elles furent bénites toutes deux en 1820 par M. Pierre Bruley, curé desservant Dizy, M. André Andres étant le maire de la commune.
Des inscriptions gravées sur les cloches rappellent cet événement ainsi que les noms des parrains et marraines et le nom du fondeur : Lecauchois.

Sur la première on y lit :
« L’an 1820, j’ai été bénie par Monsieur Pierre Bruley, curé de Dizy et dénommée « Virginie » par Monsieur André Andres, maire de la commune de Dizy et négociant à Rheims, époux de Madame Marianne Huge, fille de Monsieur Eloy Huge, propriétaire à Dizy et par Demoiselle Virginie Camiat, fille de Monsieur Gratien-Camiat, président du Tribunal de Commerce à Epernay, et de Dame Louise Clotilde Huge, son épouse. ».

Voici le texte placé sur la seconde cloche :
« L’an 1820, j’ai été bénie par Monsieur Pierre Bruley, curé desservant Dizy et nommée « Marianne » par Monsieur Jean-Philippe Bigot, ancien maire de la ville d’Aÿ et par Dame Marianne Huge, épouse de Monsieur Andres, maire de la commune de Dizy. »

Sur les deux cloches, il y l’inscription suivante :« Les Cauchois fondeurs » et il y a aussi en relief une croix avec le Christ crucifié entouré d’une part par la Vierge portant l’Enfant Jésus et d’autre part, par un évêque portant la crosse et coiffé de la mitre.
La position de la Vierge et de l’évêque est inversée par rapport à la croix sur les deux cloches.

Les cloches ont été électrifiées en 1969 et ont sonné une des premières fois, à l’occasion du retour sur la terre des premiers astronautes américains qui avaient posé leurs pieds sur la Lune. C’était le jeudi 24 juillet à 17h15. Ils avaient « aluni » le dimanche 20 juillet à 21h14.

N’oublions pas de signaler qu’au pied de la tour se trouve la sépulture d’un ancien curé de Dizy indiqué par une plaque. Il faut préciser, pour l’histoire, que ce prêtre fut en même temps maire de la commune de Dizy en 1790 et qu’il prêta serment à la constitution le 30 janvier 1791 au cours d’une messe solennelle célébrée en l’église de Dizy.
Ce prêtre célébra également une messe en plein air sur l’autel de la patrie, le 14juillet 1791, au lieu-dit appelé « les Bas-Crayons », devant les citoyens des deux communes de Dizy et de Champillon, de là, le nom de « Sente de la Messe » donné au sentier rural réunissant les deux paroisses communes.

Il ne faut pas oublier de dire que l’église est entourée sur trois côtés par le cimetière, les plus anciennes tombes étant situées à la partie sud. Il y a une quinzaine d’années, ce cimetière étant devenu trop exigu fut agrandi par l’acquisition d’un terrain voisin.

Pour conclure, souhaitons que, durant de longues années encore, notre bonne vieille église monte la garde en haut de sa côte et que ses cloches sonnent de joyeux évènements pour la joie et le bonheur des habitants de Dizy.

Version août 2005

Attendus depuis plusieurs années, les travaux de l’église de Dizy sont enfin terminés, depuis le début de juillet.
Le clocher a été réparé et renforcé par des ferrures.
Les travaux, dirigés par Madame Patricia Docquet, architecte à Aÿ, ont été exécutés par l’entreprise de Muizon « le Bâtiment Associé ».
Profitant de l’échafaudage posé par la maison « Antoine » de Vandières (54), la toiture du clocher, couverte en tuiles, a été refaite en ardoises par la maison « Garnotel » de Betheny, ce qui donne un cachet supplémentaire au clocher.
La teinte du crépi est également très réussie.
Le coq, vétuste, a aussi été remplacé par un beau flambant neuf. Il a été béni en l’église de Dizy le lundi 11 juillet à 18H par Monsieur l’abbé Jean-Luc TINOIS et, à 18H44 précises, il était posé au-dessus de la croix du clocher devant une assistance importante. Monsieur Garnotel a été chaudement applaudi.
Un paratonnerre dépasse le coq et protège ainsi l’édifice qui, jusqu’à présent, n’en était pas muni.
Le mécanisme de l’horloge a été aussi révisé et le cadran a été changé. Désormais, nous pouvons lire l’heure et entendre les heures et les heures et demies ainsi que l’angélus trois fois par jour.
Les cloches peuvent sonner à nouveau pour les évènements heureux ou malheureux. Marianne et Virginie, muettes depuis des années, peuvent reprendre du service.
Le coq ancien devait avoir une centaine d’années mais on n’a pas de précisons sur le sujet.

Personnellement, c’est la deuxième fois que je vois des réparations importantes à l’église.
En 1927, à l’initiative de Monsieur l’abbé Gaston ROGER, le clocher et l’église ont reçu d’importants travaux. Une pierre marquée « réfection anno 1927 » en atteste. La tourelle qui donne accès au clocher a été édifiée en 1927.
L’abbé Roger a été le dernier prêtre résidant à Dizy qu’il a quitté en 1933. Il est décédé à la maison de retraite d’Avenay en janvier 1948.

Souhaitons longue vie à l’église Saint Timothée.
Pour terminer, je cite une devinette dont la réponse est très facile :

« Du haut de mon trône d’or je vois lever l’aurore, je n’ai qu’un ennemi et je ne lui tourne jamais le dos ? Qui suis-je ? »
A vous de trouver.

Les travaux ont reçu des subventions de l’Etat et du Département.
Merci à tous ceux qui ont participé à la réfection du clocher.
Le coq gaulois est l’emblème de la France, du latin gallus.
Les cloches ont sonné pour la première fois le samedi 16 juillet pour le mariage de Nicolas Poussin et de Marie-Line Saguet.

L’échafaudage a été entièrement démonté le vendredi 29 juillet y compris le pare-gravats.

 


Célébration de la saint Vincent le 22 janvier 1956, c’est l’auteur de ces pages qui tient le bâton du saint !

Le monument aux morts (1918-1998)

Texte rédigé en Janvier 1999

Le 11 novembre 1998 marque le 80ème anniversaire de l’Armistice de 1918 qui mettait fin à la première guerre mondiale appelée la Grande guerre.

Toutes les communes de France ont payé leur tribu de sang pendant cette interminable tuerie. Afin de garder la mémoire du sacrifice des soldats qui donnèrent leur vie pour que nous puissions vivre libre il fut décidé d’élever un monument à la gloire de ces héros.

C’est à partir de 1922 qu’en France, par milliers sur les places de ses villes et villages, apparurent ces sculptures de tout style faites d’humbles pierres ou coulées dans le bronze qui, toutes, portent la litanie des noms et prénoms des enfants du pays « Morts pour la France ».

Le monument aux morts de Dizy, fut inauguré le dimanche 7 décembre 1924 et béni le dimanche suivant. Réalisé par M. Rousseau, sculpteur à Damery, pour la somme de 10 000 F, une somme de 7 129,90 F fut recueillie par souscription publique pour en financer le coût. Le terrain où il est érigé fut donné à la Commune par M. Modeste Gentils qui reçut les plus vifs remerciements du Conseil Municipal et du Maire qui était M. Isaac.

La guerre avait malheureusement laissé beaucoup de veuves et d’orphelins. C’est en leur honneur qu’un poème dédié à leur intention fut lu par un jeune garçon de Dizy âgé de 11 ans, Roland Choquet. En voici le texte intégral :

 

POUR LES PUPILLES DE LA NATION
Des canons, la victoire a fait taire les voix !
Comme les nids brisés, sur les branches de bois,
Dispersent leurs espoirs dans le vent qui les pleure,
Que de foyers détruits aux humaines demeures !
Que de rayons éteints ! Que de peurs ! Que de deuils !
Combien ont pour jamais passé leur humble seuil ?
Héros ensevelis dans un linceul de gloire
Et dont les noms déjà sont inscrits dans l’histoire.
Ils sont morts sur l’Yser, sur la Marne, à Verdun…
Ces noms sont des lumières-un salut à chacun !
Ils sont morts ! … mais ils restent innocentes victimes
Leurs petits survivants à tant et tant de crimes ! …
Ils sont là désarmés, faibles et sans soutien
Pour eux, plus de baisers, plus de caresses, rien …
Rien que la douleur, rien que la misère
Puisque tu leur as pris, O ma France, leur père !
Mais tu sauras trouver, tout au fond de ton cœur
La place qui convient aux fils de tes vainqueurs.
Ils seront tes enfants préférés, tes pupilles
Et les premiers servis aux banquets de famille…
Et la France c’est vous ! Les enfants, les voici !
Ils nous offrent des fleurs, et vous disent Merci

Je tiens à remercier, Mme Muriel Jubreaux, petite-fille de Roland Choquet, qui m’a donné le poème lu par son grand-père maternel le jour de l’inauguration de Monument aux Morts de Dizy.

La guerre de 1914-1918 a fait 42 tués à Dizy : 10 en 1914, 14 en 1915, 8 en 1916, 3 en 1917 et 7 en 1918. Il faut ajouter que la Commune de Dizy-Magenta à l’époque avait deux sections et qu’un second Monument aux Morts fut érigé à Magenta non loin de l’église.

La remise de croix de guerre à la Commune de Dizy-Magenta a eu lieu à Reims le dimanche 29 octobre 1922. M. Paul Malcoiffe, adjoint, représentait la Commune.

Le calvaire de la route de Reims

1947-1987 : un anniversaire
Texte rédigé en décembre 1987

Sur la Route de Reims, à mi-distance de la vieille église dédiée à Saint Timothée et datant du 12ème siècle, et du pont du canal, face à la ferme Saint Brice, a été érigé un calvaire de facture toute moderne. Par cette chronique, je veux en rappeler l’histoire puisque cela fait 40 ans que cette croix se dresse vers le ciel.

Au début de 1944, quelques mois avant le débarquement des Alliés en Normandie, plusieurs paroisses avaient fait le vœu d’ériger soit une statue, soit une croix si elles étaient épargnées dans leurs personnes ou dans leurs biens.

Ce fut le cas de Mareuil sur Aÿ qui érigea la statue de la Vierge du Gruguet et de Dizy pour ce calvaire.
Nous le devons à l’initiative de Madame Edmond Lombard qui suscita la générosité des paroissiens en reconnaissance de la protection divine accordée à leur paroisse lors de la libération du village en août 1944. Lors du bombardement américain du 11 août 1944 qui fit plus de 60 morts à Aÿ, Dizy n’eut aucune victime à déplorer.
Le village constituait en effet une cible stratégique de choix, entre autres par la proximité du pont du canal.
La ferme Saint Brice fut détruite le 11 août 1944 et, bien qu’habitée, il n’y eut aucune victime, d’autant que ce jour-là, des ouvriers étaient occupés à la batteuse, ce qui tient du miracle.
Une autre bombe était tombée dans les « Léons » à une distance d’une centaine de mètres de la baignade du canal appelée à ce moment-là, « La Goulotte » et qui, ce jour-là, était fréquentée par de nombreux baigneurs.

Le calvaire de la Route de Reims est une croix en fer forgé dont les bras ajourés sont décorés de flammes. Elle est plantée dans un socle cubique de deux mètres de côté dont les pierres proviennent du pont détruit, et pour compléter l’ensemble, le sol est constitué d’un pavement de mosaïque de 5 mètres sur 4.
On peut lire sur la face antérieure du socle : « La paix soit avec nous » et derrière le monument, « Dizy pour sa libération, 28 Août 1944 ».

Ce calvaire fut béni le 17 avril 1947 par Monseigneur Marmottin, archevêque de Reims, en présence d’un grand nombre de paroissiens de Dizy, et de l’abbé Lucien LAVOINE, prêtre desservant Dizy et résidant à Cumières.
L’architecte, Pierre Hennequin, avait dressé les plans de cette croix, bénévolement, avec beaucoup d’art et de goût, et il était présent lors de la bénédiction de l’ouvrage par Monseigneur l’archevêque.

Durant plusieurs années, le dimanche le plus proche de l’anniversaire de la libération, les paroissiens se rendaient au calvaire y faire une prière et déposer une gerbe de fleurs. Cette tradition a été abandonnée faute de prêtre et Dizy n’ayant plus de messes tous les dimanches.

Les lotissements

Texte rédigé en mai 2005

Depuis 50 ans, la population de Dizy a été multipliée par deux (1854 en 1999). La construction des lotissements est la raison principale de cet accroissement.

Le premier lotissement a été le « Gai Logis » construit en 1957 avec 25 logements. Dizy n’était pas encore indépendant. Les autres lotissements ont été construits de 1963 à 2000 environ.

Les lotissements de la rue du Vert Doré, de la rue Danièle Casanova, de la rue Neuve et Dupont-Suaire vers 1963-1965 : 19 pavillons, 13+6.

La construction du lotissement des Léons s’est faite sur plusieurs années à partir de 1975 environ et comprend 213 logements. Les rues Jean de la Fontaine et Jean de la Bruyère, comprises dans le Léon, comptent 20 logements et ont été édifiées entre 1997 et 1999.

« Le Vieux Château » compte 11 pavillons, « Les Sapins », 4 pavillons.

L’allée Camille et Mireille Lina, (ex-scierie), 8 pavillons.
La « Poncelotte » et « La terre du Crayon », 99 pavillons, construits vers 1988-1996, avec le bicentenaire de la Révolution.

La « Briqueterie » et la gendarmerie 1978-1980 : 26 pavillons dont 6 pour la gendarmerie.

La rue des Auges, 8 pavillons, vers 1970

Les « Terres Rouges » avec Campanile, 25 pavillons.

Au total de ces lotissements, on arrive à 473 appartements.

Il faut ajouter à ce chiffre 121 logements construits hors lotissements, ce qui donne un total de 594 et 160 maisons anciennes soit 754 logements. Le parc des maisons neuves s’élève ainsi à 78,78%, soit près de 4 sur 5.

Depuis 2000, la construction s’est presque arrêtée, le nombre de terrains à bâtir n’est plus si important.

Dizy d’hier et d’aujourd’hui

Sources : Bulletin municipal n°32 de janvier 1997 :

Il y a 150 ans, en novembre 1851, un plan général d’alignement des rues de Dizy fut dressé par Monsieur Chabanel, géomètre à Saint Brice.
Réalisé à l’échelle 1/200ème soit 1 mm par mètre, ce document est très intéressant si on le compare au plan d’aujourd’hui.

En 1851, Dizy comptait 417 habitants et 101 maisons.
En examinant le plan de 1851, nous nous apercevons que le nom des rues a été changé une ou deux fois depuis, que deux rues n’existent plus (rue de l’Abreuvoir et rue Saint Etienne), que la rue Saint François est devenue une impasse et la rue des Jardins est une ruelle.
Le plan d’aujourd’hui montre, si besoin était, l’extension de notre village et nous pouvons compter 48 rues, places, et autres artères (en 1945 : 17), à savoir : 2 avenues, 29 rues,5 places, 5 allées, 3 chemins, 2 impasses et une ruelle.
Le lotissement du Léon porte principalement pour les rues et places, des noms d’écrivains et pour les allées, des noms de fleurs.
Les rues de la Poncelotte nous rappellent le bicentenaire de la Révolution française.
D’autres noms vont bientôt apparaître sur les nouveaux plans suite à la création des 2 lotissements dans le Parc Gentils et la scierie Cagnacci : il s’agit de l’allée Jean de La Bruyère et l’allée Mireille et Camille Lina (délibération du 13/08/1996).
Si vous êtes des observateurs perspicaces, je tiens à vous signaler qu’il y a deux ruelles qui ne sont pas nommées et n’ont pas de plaques.
Sauriez-vous les situer dans Dizy ?

Réponse dans le prochain bulletin (il ne s’agit pas de la montée de l’église).

Bulletin municipal n°33 de janvier 1998 :

Dizy d’hier et d’aujourd’hui

Dans le bulletin municipal n°32 de janvier 1997, page 11, à la fin de l’article portant le titre ci-dessus, je demandais aux lecteurs de situer 2 ruelles non situées ni dénommées.
Voici la réponse : la première ruelle est celle qui relie la rue « Moque Bouteille » et la rue « Neuve ». Appelée couramment « ruelle des Sœurs » en raison de la maison où habitaient les Sœurs, on vrai nom est « ruelle Saint Pierre » (référence : réunion du conseil municipal du 28 janvier 1932).
La seconde ruelle relie la rue de « Reims » à la rue du « Vieux Château » et longe le terrain de l’ancienne scierie, au sud, et le terrain scolaire et l’immeuble de M. et Mme Thiriet au Nord. Elle n’a pas de nom officiel.
A signaler qu’une erreur s’est glissée dans le texte de l’article précité. A la 6ème ligne, il faut lire 5 mm par mètre au lieu de 1 mm comme indiqué.

La Briqueterie

Sources : Bulletin municipal n° 33 DE JANVIER 1998
Récit de Pierre Leblanc, ancien salarié de la Briqueterie, recueilli par Bernard Leblanc

Origine : au départ.

Un briquetier belge nommé Lombard (les anciens de Dizy se souviendront l’avoir vu fouler l’argile aux pieds). C’était le stade artisanal. Les briques séchaient sur des échalas en plein air sous des hangars. La cuisson devait de faire dans des fours analogues à ceux qui servaient à faire du charbon de bois.
J’ai connu des vieux briquetiers qui avaient encore pratiqué cette technique. La Montagne de Reims, avec sa forêt, donnait le combustible, l’argile se trouvait partout, ce qui explique l’existence de briqueteries comme à Saint Imoges qui cessa son activité vers 1950. A Ludes ; une tuilerie fabriquant des petites tuiles plates renommées, cessa son activité en 1932.

Le fondateur, dur au travail, fit prospérer son entreprise, qui, à la veille de la première guerre mondiale, produisait déjà des produits très appréciés. Le lycée Léon Bourgeois, à Epernay, témoigne du savoir-faire et de la qualité de la fabrication. La reconstruction des ruines causées à Reims et dans la région donna un nouvel essor aux tuileries et briqueteries de la Marne. Des tuiles portant le nom de la marque « Lombard Frères » témoignent de la diversification réalisée.

Un peu d’explications.

Le fondateur, le « Père Lombard », avait deux fils.
Edmond dirigeait l’usine de Dizy, probablement la première fondée.
Le second, Alfred, menait celle de Champigny près de Reims qui fonctionna encore après la seconde guerre mondiale.
Peu de documents rappellent cette époque. Un numéro spécial de « l’Illustration » publié dans les années 20 sur les destructions causées dans la région pourrait fournir des éléments intéressants.

L’emplacement de Dizy était judicieux.
Le canal latéral à la Marne permettait l’approvisionnement nécessaire au séchage et à la cuisson des briques. Le four était de type fixe à feu continu. Le feu progressait à travers des alvéoles ouvertes et fermées successivement par des maçonneries enduites légèrement, bâties et démolies continuellement pour permettre l’enfournement des briques venues des séchoirs et le défournement sur l’aire de triage.
C’était le travail le plus pénible surtout pour les défourneurs. Tout se faisait à la brouette, l’alternance de chauds et froids était dure à supporter.

Le canal permettait aussi l’approvisionnement en argiles. Si la base de la fabrication provenait pour une large part de l’argile extraite de Bellevue, une autre part consistait en argiles de différentes provenances, notamment de Révigny et de Montererau ; Sézanne et Provins complétaient la gamme.

L’histoire de la briqueterie de Dizy reflète bien l’évolution économique et sociale du début du siècle.
L’usine s’est progressivement et constamment adaptée.
Aux séchoirs de plein air ont succédé des séchoirs fixes : cellules nécessitant l’enfournage des briques fraîches sorties de la filière amenées sur des wagonnets, reprises et placées sous des longrines métalliques (travail exécuté par des femmes), reprises après séchage à la vapeur par les enfourneurs.
Cette technique permettait une amélioration importante, des wagonnets spécialement aménagés avec clayettes amovibles superposées supprimant une opération pénible en local confiné. Les wagonnets, rangés sur des voies parallèles, progressaient au rythme de l’avancement du séchage. La propulsion de la colonne des wagonnets se faisait au moyen d’un grand levier à crémaillère actionné à bras.

La modernisation se fit dans d’autres domaines : le foulage de l’argile du « Père Lombard » disparut, remplacé par un broyeur circulaire où deux grandes roues en fonte malaxaient sans fin dans un bruit assourdissant les différentes argiles alimentant la filière.
Aux briques pleines se sont substituées des briques perforées, 10 trous d’abord puis, dans les années 30, les 84 trous, économes en argiles, plus légères. La mise au point fut laborieuse et coûta bien des rebus.

La renommée des briques aux marques DZ, Super DZ, DZ Iso, DZ Lux dépassa largement la région.
Le canal de la Marne a porté nombre de péniches chargées de belles briques de parement. Paris absorbait une part notable de la production, en témoigne aujourd’hui l’hôpital Beaujon, un des rares hôpitaux parisiens construit entre les deux guerres. A Epernay, l’immeuble Moët et Chandon est un autre fleuron de la gamme DZ. La teinte « champagne » fut créée spécialement pour ce bâtiment. C’est probablement un des derniers témoignages de bel ouvrage, fierté des briquetiers créateurs du noble matériau et des briqueteurs qui l’ont mis en œuvre.
Ces teintes de prestige ne doivent pas faire oublier l’arc-en-ciel des teintes élaboré à Dizy. Aux couleurs classiques –rouge- élaborées avec la terre de Bellevue et les tons chauds issus d’argiles plus légères extraites de la carrière des « Brouilles » le long du canal, il faut ajouter les tons ivoire pastel, le célèbre 276, intermédiaire entre le rouge et le marron, et j’en oublie.
Ces couleurs étaient obtenues un peu comme les cuvées de grand champagne : un dosage rigoureux de différentes argiles, réfractaires de Montereau, Provins, Sézanne alliées aux argiles « indigènes » et à des températures de cuisson allant de 960° à près de 1100°. La cuisson était obtenue par une batterie de réservoirs à charbon laissant tomber celui-ci en fonction de la nature de la brique. La température était contrôlée par des pyromètres de précision. Une équipe de trois cuiseurs assurait en 3×8 la surveillance constante de la régularité et le maintien de la température. Le repos hebdomadaire est assuré un dimanche sur trois. Les deux restants assurant les 12×12, pas de congés.

L’approvisionnement en charbon se fait à la brouette à coffre par un pan incliné.

Il faut signaler aussi l’existence d’une cantine dans les années 1920.

La modernisation se poursuit par l’installation d’un alternateur Siemens de 600 chevaux en 1925-1928 ?

La chaufferie occupe trois chauffeurs en 3×8, repos comme les cuiseurs. Le charbon est amené de l’aire de stockage par tombereau à cheval. Je crois qu’il fallait une péniche par mois : 280 tonnes.

A la main d’œuvre locale peu nombreuse, s’est rajouté de bonne heure un apport de gens venus d’ailleurs. En 1917, arrivée de Portugais logés dans des baraques Adrion, certaines ont duré jusqu’en 1947, je crois. L’après-guerre (1914-1918) verra l’arrivée d’Algériens, Tchèques, Russes, Espagnols, le gros de Polonais vers 1930. On les désignait par un numéro, leurs noms étant, parait-il, imprononçables par les gosiers de la maîtrise… Un bâtiment a été construit à leur intention à l’emplacement actuel du parc de l’équipement. Certains vivaient avec leur famille.

Le canal assurait une part importante des expéditions de briques, mais le rail était également fort utilisé. Un wagon était chargé quotidiennement, parfois deux. Des Polonais, les 7 et 5 ! … étaient les spécialistes émérites de ce trafic. Les briques manipulées par poignées de 4, sans un claquement, étaient d’abord chargées et soigneusement rangées, des poignées de paille séparant chaque rang. L’opération se reproduisait sur le wagon avec le même soin. Le chargement des péniches s’effectuait à la brouette à 1 ou 2 équipes. La péniche ne devait pas être à quai plus de six jours sous peine d’indemnités : il ne fallait surtout pas « payer de la planche ». Le déchargement du charbon se faisait à 1 ou 2 équipes et payé à la tâche : 1,80 Frs la tonne divisé par 3 employés : 2 pelleteurs et 1 rouleur. Pour gagner sa croûte, il ne fallait pas dépasser 5 jours un quart. Au début, les pelleteurs avaient la tâche facile par rapport aux rouleurs, le bateau chargé au « mètre quatre-vingt », enfoncement maximal toléré sur le canal était au plus bas niveau par rapport à l’échafaudage surélevé installé sur la berge, d’où les brouettes à coffre se déversaient dans les wagonnets à voie de 40.
Les rames étaient tirées par un cheval et déchargées plus loin à l’emplacement approximatif du terrain de sport actuel. Les deux premiers jours devaient assurer la paye, donc sortir 65 à 70 tonnes dans les 8 heures, ensuite le rouleur soufflait un peu, le niveau du charbon s’affaissait progressivement vers le fond, les pelleteurs prenaient la bourre surtout avec les péniches en fer ou les dingues-bord : barrière verticale supportant les écoutilles, plafond amovible couvrant la cargaison ; plat-bord (étroit passage ceinturant le bateau).
On préférait travailler à une seule équipe, les gens de haute taille étant appréciés.

Bien des choses resteraient à dire sur la vie de la Briqueterie.
Des choses banales comme l’apparition des roues à pneus sur les brouettes remplaçant vers 1933 les antiques roues en fer, l’extraction en banquettes à la carrière de la terre près du Pont Malo, les fosses de trempage où séjournaient certaines terres avant leur passage en machine.

Le parc des petits camions, « la Buire », rescapés de la guerre 1914-1918 avec leur pont arrière particulier, deux équipes de bennes basculantes faisaient une noria de Bellevue à Dizy, apportant leur cargaison quotidienne à l’appétit vorace du broyeur. Les autres assurant le transport de Dizy au chemin de fer. Tout ce matériel et les diverses machines, chaînes transporteuses, ventilateurs des séchoirs, filières à briques équipées d’un coupeur de fabrication suisse très perfectionné, nécessitait un entretien constant sans oublier, de l’autre côté de la route menant à la cour des briques, un atelier de menuiserie et de forge. Il y avait aussi un broyeur à chamotte qui écrasait les bricots dans un nuage de poussière. La cour, domaine des trieurs, aristocratie respectée, était le lieu de stockage des briques avant chargement ainsi que le point de rassemblement des manœuvres. Chaque matin, la répartition des tâches se faisait après le deuxième coup de sirène. C’est là qu’un matin de printemps, en 1933, une note laconique annonça au personnel la décision de diminuer les salaires, la direction justifiant cette mesure par la situation désastreuse du marché des briques. La nouvelle, aussi désagréable fut-elle, ne surprit personne et n’amena aucune réaction, à cette époque pas de syndicat pour mener une riposte.

La crise de 1929 qui avait touché le monde du Champagne n’épargna pas celui du bâtiment. Les stocks s’accumulaient dans la cour. L’embauche d’un ingénieur, un effort de marketing très sérieux, n’empêchaient pas la situation de se dégrader. Les belles années de prospérité de l’après-guerre (1914-1918) étaient terminées. Des investissements faits à cette époque causaient des frais financiers difficiles à assumer.
D’autre part, les deux usines, Dizy et Champigny, quoique intégrées dans la même société, se disputaient des marchés rétrécis du fait du ralentissement général dans le bâtiment.

Tout cela aboutit à la fermeture inéluctable d’une usine qui faisait vivre 200 personnes à l’apogée de sa puissance.
Cela se fit sans bruit, j’ignore si la presse locale s’en fit l’écho.
Une page de l’histoire de Dizy était tournée.

 

Etant en possession d’enveloppes de paye de mon père qui était ouvrier tourneur-mécanicien à la Briqueterie, j’ai relevé quelques taux de salaire horaire :
quinzaine du 21 avril au 4 mai 1932 : 3,85 Francs. Ce taux resta en vigueur jusqu’au 13 décembre 1933.

  • quinzaine du 14 au 27 décembre 1933 : 3,75 Francs
  • quinzaine du 19 avril au 2 mai 1934 : 3,35 Francs

Parallèlement à la diminution du taux horaire, j’ai noté le nombre d’heures effectuées en une quinzaine :

  • période du 30 novembre au 13 décembre 1933 : 125 heures plus 2 heures et demie supplémentaires payées 4,80 Francs au lieu de 3,85 Francs
  • du 14 décembre 1933 au 31 octobre 1934, les horaires furent réduits de façon draconienne : 54 heures du 1er au 14 novembre 1934, 30 heures du 15 au 29 novembre 1934, 48 heures du 16 au 31 mars 1934, dernière enveloppe en ma possession ;

Pour une plage de 100 heures, la retenue pour les assurances sociales s’élevait à 20 Francs, pour 48 heures, elle était de 6 Francs.

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